mercredi 10 novembre 2021

Deux mondes...



Nagasaki (aux alentours de 1900), un officier américain épouse Cio-Cio San 15 ans, ancienne geisha. Les mariages arrangés à durée limitée sont monnaie courante et trébuchante au Japon à cette époque. Cio-Cio San très amoureuse et optimiste abandonne sa religion pour celle de son mari Pinkerton. En conséquence ses ancêtres et sa famille la renient. 

Dans cet opéra les ancêtres sont représentés par deux petites statues en terre. Lorsque l'interprète de Cio-Cio San (Alexandra Marcellier) vous explique dans l'acte 1 qu'elle a 15 ans, vous la croyez sur parole. Je l'ai trouvée complètement crédible tout au long du spectacle. La mise en scène était parfaite ainsi que le décor, très sobre. Et l'enfant...  très à l'aise dans tous ses déplacements, ses gestes et ses émotions. J'ai pensé que c'était risqué de faire jouer un enfant si jeune dans un opéra de plusieurs heures ! Apparemment les enfants n'ont pas une mémoire de poisson rouge et ont également l'oreille absolue ! Il m'a impressionnée par sa justesse.

En résumé, Madame Butterfly m'a beaucoup plu et je ne me suis pas ennuyée une seconde !

(prendre des photographies était interdit pendant la représentation)

 NB : Pierre Loti a écrit le roman Madame Chrysanthème en 1887
          André Messager l'a transformé en opérette en 1893

dimanche 7 novembre 2021

Cette phrase m'est destinée...


 On n'a jamais fait de camping, avec Célestine. On en parlait souvent, on s'imaginait devant un feu en train de griller des légumes au bout d'un bâton. Au fond, je ne sais pas pourquoi on n'y est jamais allé, mais ce n'est pas si grave parce qu'avec elle, s'imaginer faire quelque chose, c'était tout aussi bien que de le faire.

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C'est le soir, je suis sous la tente et je vais bientôt m'endormir. Je me décale légèrement sur la gauche, pour faire un peu de place, au cas où Célestine viendrait me rejoindre.

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Je ne suis pas un lecteur. Tout le contraire de Célestine, qui emmenait toujours un livre avec elle dans son sac, quand on sortait de la maison, au cas où. Parfois elle me lisait un bouquin entier à voix haute, pour qu'on partage les mêmes émotions, et ça, j'adorais. 

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Le moral, ça va, ça vient : je n'ai pas trop de contrôle dessus. Mon cauchemar est bien réel, c'est très dur à vivre, surtout au réveil.

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Ca m'a comme électrocuté : j'ai eu l'impression que cette phrase m'était destinée. Bon, en y réfléchissant, je me suis évidemment dit que Célestine ne pouvait pas savoir que j'allais me mettre à écrire un journal intime, donc elle devait juste la trouver jolie, mais quand même, une pareille coïncidence, ça laisse songeur.
Après, je me suis précipité vers la collection de livres, plusieurs centaines, sous la bâche. La plupart des bouquins semblaient avoir des pages cornées ! Toutes ces phrases importantes à ses yeux que je pourrai découvrir, à mon rythme. Pas question de les lire à la suite, ce serait du gaspillage, et je ne les comprendrais pas forcément, hors contexte.

Extraits de Un toit - Bernard UTZ

jeudi 4 novembre 2021

Avancer vers l'apaisement


 Aujourd'hui, je ne sais pas si un jour j'aurai écrit assez de mots pour être à nouveau apaisé, mais je ne vois pas d'autre option que d'essayer.

Voilà la situation : j'ai le week-end pour vider l'appartement et empaqueter mes affaires, puis dès lundi, je vais aller m'installer sur le terrain que je viens d'acquérir. J'aurais aimé qu'elle le voie, ce petit lopin de terre. Je suis sûr qu'elle l'aurait adoré : légèrement en pente, dans une clairière à l'écart du village, juste à la lisière d'un petit bois où le sol est recouvert de mousse. Il n'y a qu'une étroite route en gravier pour y accéder. J'espère qu'on ne viendra pas trop m'embêter, parce que je veux y construire une petite maison, alors qu'en réalité je ne suis pas censé le faire. Le terrain, il n'a pas coûté assez cher pour qu'on me permette d'y vivre, mais moi j'en ai marre d'attendre. Avec Célestine, on avait économisé pendant quinze ans pour acheter une petite maison qui aurait été rien qu'à nous ; malheureusement, on n'a jamais réussi à mettre suffisamment d'argent de côté.

J'ai fait un plan de la maison. Elle sera modeste, plutôt du genre cabane, mais je pourrai l'agrandir par la suite. J'ai presque trois mois pour la construire de mes propres mains, avant qu'il ne fasse trop froid. Après, au printemps, je planterai des fleurs, cultiverai un petit potager, peut-être même que je prendrai deux moutons, pour la compagnie, et j'aurai finalement la vie dont on avait toujours rêvé.

Extrait de Un toit - Bernard UTZ


La magie de la pleine lune