dimanche 28 février 2021

Une histoire de regard


Je me demandais ce que son absence de regard était censé communiquer. J'ai essayé de comprendre parce que le regard masculin est censé travailler dans l'autre sens - ce sont les femmes qui sont regardées, nous-même ne sommes pas censées le faire.
Peut-être voulait-il lui communiquer son mépris : si je te regarde, tu croirais exister à mes yeux. Ou si je te regarde, tu verras que je t'aime et je ne veux pas avoir l'air de t'aimer. Ou bien encore, en ne te regardant jamais, je te communique mon désir que tu ne me regardes jamais en retour. Si tu me regardes de trop près, tu verras que je me sens pathétique, honteux et impuissant.
N'importe laquelle de ces explications aurait pu être la bonne. Sans doute que le plus compliqué serait qu'il l'aime tout en refusant que ça se voie.
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L'écriture est une question de regard, d'écoute, et d'attention accordée au monde. Charlotte Brontë place ce genre de regard au cœur de Jane Eyre. De même que les écureuils du pommier près de mon cabanon ont toujours su que j'étais là, la tante cruelle de Jane, Mme Reed, croit que sa pauvre nièce désargentée l'observe tout le temps.
     ... son caractère incompréhensible, ses colères subites, et son continuel examen de tous vos mouvements !

C'est ce que ma mère pensait de moi.

(réflexions de Deborah Levy à propos d'un homme qui ne regarde jamais son épouse)

Extraits de Le coût de la vie - Deborah Levy

(cliché Extremadura juin 2018)

"Je ne voudrais pas être pénible mais....

Ce n'est pas grave, elles ne sont pas cassées"  ! 🙂🕶️😎


mercredi 24 février 2021

Suivre son intuition


Le cabanon avait été construit sous un pommier. En moins de trois secondes, j'ai accepté de le lui louer. 
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Plus tard, au cours de mon premier automne dans le cabanon, des pommes sont venues s'écraser sur le toit. Un bruit explosif. J'ai mieux compris pourquoi Newton est parvenu à sa loi sur la gravitation en observant l'irrévocabilité avec laquelle tombe une pomme. Une pomme qui tombe lentement, ça n'existe pas.
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J'ai acheté un thermos pour le thé que je sirotais tout au long de la journée tandis que les flammes bleues vacillaient dans le poêle et que la neige tombait sur le pommier. Ecrire me plaisait parce que c'était une invitation à se glisser sous la réalité apparente des choses, à voir non seulement l'arbre mais aussi les insectes qui vivaient dans son infrastructure, à découvrir que tout est connecté dans l'écologie du langage et de la vie. "Ecologie" est un mot d'origine grecque qui signifie "maison" ou "relation entre vivants". 
(Oh surprise cette histoire de pomme et pommier s'est présentée à moi le lendemain de l'insertion du  pommier et de la pomme dans mon dessin. La vie est magique !)
Extraits de Le coût de la vie - Deborah Levy


Encore de la magie avec ce texte lu ce matin complètement par hasard (parce que le hasard fait bien les choses !) Ce texte était accompagné d'une photo de plume avec la mention lâcher-prise ! 

En ce jour de votre vie, je crois que Dieu souhaite que vous sachiez …
que si vous vous froissez au moindre commentaire que vous
jugez déplaisant, vous ne trouverez jamais la paix.
Vous ne la trouverez pas non plus en vous distinguant toujours
vous-même de la personne qui vous a froissé. Tout ce que vous ferez
c’est mettre fin à de nombreuses amitiés avant de vous retrouver
complètement seul. Vous pouvez continuer à vous faire de nouveaux
amis, bien sûr, mais tôt ou tard, ils vont vous froisser, et alors après ?
Peut-être que la meilleure chose à faire est de laisser tomber. Les
gens ne le pensent vraiment que rarement quand ils vous froissent,
et une touche de tolérance et de pardon chaque jour est encore
meilleure qu’une pomme pour la santé.
Avec tout mon amour, votre ami …
Neale (Conversations avec Dieu)

mardi 2 février 2021

Aspirer à l'autonomie ?!...


 Indices !

"Denys possédait cette qualité inestimable à mes yeux : il savait écouter une histoire. L'art d'écouter une histoire s'est perdu en Europe. Les indigènes d'Afrique, qui ne savent pas lire, l'ont conservé. Les blancs eux ne savent pas écouter une histoire, même s'ils sentent qu'ils le devraient. S'ils ne s'agitent pas, ou s'ils ne peuvent pas s'empêcher de penser à une chose qu'ils doivent faire toutes affaires cessantes, ils s'endorment. Ces mêmes personnes peuvent fort bien demander quelque chose à lire, un livre ou un journal, et sont tout à fait capables de passer la soirée plongées dans quelque chose d'imprimé, et même de lire un conte. Ils se sont habitués à recevoir toutes leurs impressions par le truchement des yeux.

Denys, qui de manière générale avait l'ouïe très fine et avait développé ce sens durant ses safaris, préférait entendre une histoire plutôt que de la lire. Quand il arrivait à la ferme, il me demandait si j'avais de nouvelles histoires à raconter. En son absence, j'inventais des contes et des histoires. Le soir, il s'installait confortablement devant la cheminée, avec tous les coussins de la maison autour de lui, je m'asseyais en tailleur à côté de lui, telle Schéhérazade, et il m'écoutait raconter une longue histoire, du début à la fin. Il la suivait même mieux que moi, car lorsque, au moment décisif, un des personnages faisait son apparition, il m'interrompait pour me dire : "Cet homme est mort au début de l'histoire. Mais cela ne fait rien, continuez".


Tiens, une chouette !... (réflexion du 2 mars 2021 !)

La magie de la pleine lune