mardi 2 mars 2021

Le masque du patriarcat

(ticket de cinéma retrouvé hier dans une poche de caban ; mon dernier visionnage de film en salle avant le confinement.... un an déjà... souvenirs, souvenirs...)

Les politiques fluctuantes du foyer moderne étaient devenues complexes et perturbantes. Beaucoup de femmes modernes et apparemment puissantes de ma connaissance avaient créé un foyer pour tout le monde, mais ne se sentaient pas chez elles dans leur propre maison. Elles préféraient le bureau ou leur lieu de travail parce qu'elles y étaient plus que de simples épouses.

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Des femmes qui subvenaient à la majorité des besoins de leur famille étaient sournoisement punies par leur mari à la moindre réussite. Leurs partenaires masculins éprouvaient du ressentiment, de la colère, étaient déprimés. Ainsi que Simone de Beauvoir nous l'avait dit, les femmes ne sont pas censées éclipser les hommes dans un monde où le succès et le pouvoir leur sont destinés. Pas facile d'incarner le privilège historique de la domination masculine (mis au goût moderne) si monsieur est économiquement dépendant des talents de madame. Dans le même temps, cette dernière reçoit le message fatal qu'elle doit dissimuler son talent et ses capacités si elle veut qu'il l'aime. Tous les deux savent qu'ils mentent pour sauver la face, qui elle aussi épouse les contours du masque. L'homme regarde à travers les trous, effrayé que le monde puisse le percer à jour. Le masque est comme la fausse tête que la chenille montre aux prédateurs. L'homme sait que le masque du patriarcat est normal et pervers, mais utile s'il veut éviter les blessures. Dans sa version la plus ornementée, le masque l'aide à apparaître comme rationnel tandis qu'il intimide les femmes, les enfants et d'autres hommes. Mais il est surtout là pour le protéger de l'angoisse de l'échec qui se reflète dans le regard des autres hommes. Si on évalue la réussite d'un homme à l'aune de sa capacité à éradiquer les femmes (à la maison, au travail, au lit), ce serait une grande victoire que d'être un raté dans ce domaine.

La souffrance du mâle contemporain d'âge moyen qui, ayant échoué à complètement éradiquer les femmes, se perçoit comme privé de pouvoir est une question délicate. Son épouse ment pour lui avec délicatesse.

Extrait : Le coût de la vie - Déborah Levy

(cliché Chamonix, souvenirs, souvenirs...)

6 commentaires:

  1. C'est une présentation intéressante et imagée d'un problème assez connu!

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  2. Qui a dit que lorsqu'il y avait un problème il y avait une solution ? 😎🙂

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  3. Programmer la Bonne Epouse à trois jours du 8 mars, voilà un choix judicieux de cette salle de cinéma !Il y a matière à discuter de l'évolution de la condition féminine. Tu l'as vu ?
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  4. Oui, je l'ai vu le 11 mars 2020, preuve à l'appui avec ce ticket retrouvé dans une poche 🙂

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  5. Hélas! que de rationalisations mensongères et masquées pour justifier les injustices et atrocités patriarcales et féminicides sur tous les plans! Merci pour ce bon extrait!

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    1. Bonjour Mokhtar, et tout serait si simple si tout un chacun adoptait le :
      "Ris rêve ris
      Luis de toutes tes couleurs libres"
      Merci de votre passage :-)

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