Sur le balcon
Toutes deux regardaient s’enfuir les hirondelles :
L’une pâle aux cheveux de jais, et l’autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d’elles.
Et toutes deux, avec des langueurs d’asphodèles,
Tandis qu’au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l’émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles,
Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.
Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrames
Et plein d’odeurs, le Lit, défait, s’ouvrait dans l’ombre.
Paul Verlaine, Parallèlement
(Les Amies)
Plus que des amies, c'est sûr, avec ce Lit défait dans l'ombre... ;-)
RépondreSupprimerL floraison est bien exubérante sur la photo.
Un amour qui est secret
RépondreSupprimerMême nues, elles ne pourraient le cacher
Alors, sous les yeux des autres
Dans la rue, elles le déguisent en amitié
L'une des deux dit que c'est mal agir
Et l'autre dit qu'il vaut mieux laisser dire.
Ce qu'ils en pensent ou disent ne pourrait rien y faire
Qui arrête les colombes en plein vol
A deux au ras du sol
Une femme avec une femme
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
@ Mo et Célestine : apparemment Paul Verlaine avait écrit ce poème sous un pseudonyme et de surcroit à cette époque (1867) trouver un éditeur n'avait pas été de tout repos ! Ce fut donc un éditeur Belge.
RépondreSupprimerLes textes des Amies furent saisis par la douane à la frontière qu'ils devaient passer dans une expédition de contrebande ! (les temps ont bien changé) Verlaine les récupère un peu plus tard au cours d'un voyage en Belgique. Le recueil est condamné à la destruction par le tribunal correctionnel de Lille le 6 mai 1868, en même temps qu'une cinquantaine d'ouvrages dont Les Épaves de Baudelaire, pour « outrages à la morale publique et religieuse ainsi qu'aux bonnes mœurs ». Poulet-Malassis (l'éditeur bruxellois) lui-même n'est pas poursuivi en justice, mais le libraire bruxellois chargé de vendre le livre en France, Charles Sacré-Duquesne, est condamné par la justice à un an d'emprisonnement et à 2000 francs d'amende, tandis que son épouse est condamnée à quatre mois d'emprisonnement et 500 francs d'amende, le tout pour « colportage sans autorisation ».
(d'après Wikipédia)