samedi 11 mai 2019

Vis pour deux


Je m'accorde une pause pour me décontracter les jambes. Je scrute le ciel pour observer le mouvement des nuages. Et là, j'aperçois un truc incroyable. Un truc qui n'arrive jamais sur cette immense étendue glacée, à plus de 600 kms des côtes. Un oiseau ! Un petit oiseau noir, je ne sais même pas de quelle espèce ! Il sort de nulle part, il est bien réel puisqu'il tournoie pendant quelques secondes au-dessus de ma tête. Je suis choqué. Je voudrais le prendre en photo, mais je n'arrive pas à mettre la main sur mon appareil, dans la poche de ma parka. Qu'est-ce qu'il fait là ? De quoi se nourrit-il ? L'hiver pétrifie la vie. Il n'y a personne dans ce désert de glace, aucun être humain, aucun animal. Il n'y a que moi. Moi et mon ombre.
Et si c'était une hallucination ? Ça m'est déjà arrivé au sommet du Gasherbrum, au Pakistan, ou du Makalu, au Népal, quand, à 8000 mètres, le cerveau manque cruellement d'oxygène. J'ai vu plein de choses étranges qui volaient autour de moi, des chiens à 5 pattes, des femmes en bikini... Mais là, je ne suis qu'à 3200 mètres d'altitude. Je ne rêve pas. Je suis fatigué, mais j'ai encore quelques neurones qui fonctionnent.
L'oiseau fait encore deux ou trois boucles dans l'azur puis, d'un simple claquement d'aile, il prend la direction de l'ouest. Je suis beaucoup moins pieux que ma mère, mais je crois aux forces spirituelles. Je me dis que cet oiseau n'a pas pu s'aventurer jusqu'ici par hasard. C'est forcément un message qu'on m'adresse. Un signe de là-haut. Un signe de Cathy. Je rechausse mes skis, j'attache mon traîneau. C'est décidé, je vais suivre l'oiseau. Je pars vers l'ouest...

Mike Horn - L'Antarctique le rêve d'une vie

1 commentaire:

  1. Très peu pour moi, ces environnements surgelés... Je suis une plante de serre chaude...

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