vendredi 10 mai 2019

Les rênes de Pégase

J'ai repris mon chemin de croix depuis quatre ou cinq heures quand, ô miracle, une brise du nord est se met à siffler à mes oreilles. Je suis tellement pressé de profiter de l'aubaine que je choisis de garder mes peaux de phoque. Avec ce vent de quinze kilomètres à l'heure, je ne vais pas m'envoler, ni même glisser. Disons que je vais "glissoter". Je sors ma plus grande voile, je m'emmêle un peu en déroulant les lignes de 60 mètres tellement je suis excité, et je commence à me laisser tracter. Ça ne dure que 3 heures, j'avance à la vitesses d'une ménagère poussant son Caddie au supermarché mais, par rapport à ce que j'ai vécu, j'ai l'impression de passer la surmultipliée.
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Sans entrer dans les détails techniques, on pourrait comparer mon cerf-volant à une sorte de cheval galopant dans le ciel tandis que moi j’actionne les rênes de Pégase en jouant avec ses câbles. Là il s'agit seulement de donner du mou à la voile et de ralentir l'allure petit à petit afin d'éviter que mon traîneau ne me percute. Rien que du classique. Enfin presque.
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C'est comme si j'étais un type qui roule à fond, sans freins ni volant.
Je lâche la barre de contrôle. Aussitôt, je me retrouve dans la posture du pantin désarticulé. La voile accrochée à l'avant de mon harnais me tire dans un sens, le traîneau, accroché 20 mètres en arrière, dans un autre. Et moi, je suis traîné sur la glace, écartelé, vaincu. Enfin, pas tout à fait. Je me cramponne au Kevlar qui me relie à la luge et je tente de toutes mes forces de la ramener vers moi pour la fixer directement à la barre du ski-kite. Deux quintaux et demi à bout de bras en se faisant malaxer l'échine par les congères de glace.
Oh hisse ! C'est fait. Maintenant, j'arrive à me détacher de la voile. Enfin. Mais ce n'est pas terminé. Le traîneau et le cerf-volant désormais solidaires, se font la malle. Je les rattrape, je bondis sur la luge et je la retourne. Au passage, un bâton de ski de rechange, sanglé sur un côté du traîneau, me rentre dans le mollet droit. Un détail. L'essentiel, c'est qu'avec la luge retournée à ses basques, mon aile de ski-kite fait moins la maline. Trop de résistance. Elle tire encore un peu, mais c'est un jeu d'enfant de la plaquer au sol et d'immobiliser mon attelage en folie.

Mike Horn - L'Antarctique, le rêve d'une vie



3 commentaires:

  1. Réponses
    1. Mais bien sûr ! 😃 je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, mais je me prends de passion pour Mike Horn ! 😃 Là je suis en train de le dessiner sous sa tente 🙂 complètement obsessionnelle !!! 😎

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    2. C'est dessiné sur un petit bioc note dont le papier gondole avec la peinture 🙂, ça donne un style ! 🙂

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