mercredi 21 août 2019

Averroès, sors de cette bouteille ! 😇

Insaisissable Averroès
Que savons nous ainsi de son apparence physique ?
Presque rien : dans le panégyrique que le poète Ibn Quzmân adresse à un Averroès encore jeune homme, il le dit "beau" ; mais dans quelle mesure ne s'agit-il pas là seulement d'une formule obligée ? De la même façon, une légende le dit gras, bien qu'il ne prît, dit-on, qu'un repas par jour. C'est seulement par son témoignage incident, dans son traité médical, que l'on sait qu'il souffre d'arthrite chronique aux mains et aux pieds, suite à un mauvais traitement de fièvres qui entraînaient l'inflammation des membres.
Barbe et turban
La plupart des portraits d'Averroès qui circulent en Europe chrétienne montrent un personnage barbu et enturbanné. Cette représentation stéréotypée est renforcée par la posture de soumission souvent attribuée à Averroès, que l'on voit parfois prosterné aux pieds de Saint Thomas d'Aquin ou de l'Eglise. Les attributs de la barbe ou du turban, que les Occidentaux assignent à tout Oriental, réel ou assimilé (comme le juif), méritent quelques remarques. La barbe est portée par les hommes adultes, mais dans certains cas elle peut être taillée, voire partiellement épilée. Les "raffinés" la teignent, depuis l'exemple donné, au début du IXe siècle, par le célèbre esthète Ziriâb. Mais porter la barbe entière et sans soin est une marque de piété. Aussi, paradoxalement, lorsque les peintres du Moyen Âge ou de la Renaissance représentent un Averroès abondamment barbu, croyant l'assimiler à un Platon dont seul le vêtement le distinguerait, ils soulignent en fait, involontairement, son caractère de bon musulman.
Le turban, lui, n'est pas seulement un couvre-chef ; il est aussi un symbole et une marque de prestige. Al Andalus n'est pas allé au point où iront les Turcs, plus tard, avec les gigantesques turbans dont sont affublés les notables, sculptés jusque sur la stèle de leur tombe, mais le pays a adopté cette mode sous l'influence berbère. Le turban n'a pourtant pas détrôné la calotte, généralement utilisée auparavant. Si Averroès, en tant que magistrat, appartient à la catégorie sociale qui en est coiffée en toute activité publique, y compris dans la rue, s'imaginer un homme enturbanné à sa table de travail est un non sens.
D'une façon générale, on sait qu'Averroès ne se souciait guère de sa mise. S'il relève avec satisfaction qu'un prince, lorsqu'il lui a été présenté et qu'il lui a montré ce dont il était capable, l'a gratifié d'une robe d'honneur, c'est le geste plus que l'objet qui l’intéresse. Un témoin de ses dernières années racontera qu'il "portait des vêtements élimés", alors même qu'il occupait de très hautes fonctions.

Extrait d' AVERROES Les ambitions d'un intellectuel musulman - Dominique Urvoy


1 commentaire:

  1. Quel rapport avec Averroès? en tant que musulman, il n'est pas censé boire du vin, non?

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