dimanche 22 décembre 2024

Votre modernisation engendre nos complications

 

Ordures ménagères : fini le ramassage, les habitants doivent se déplacer

Depuis le début du mois d’octobre, les bacs individuels et collectifs ne sont plus ramassés par le Sictom. Il faut dorénavant amener ses déchets dans des colonnes de collecte spécifique.

(colonnes d'accès inaccessibles depuis plus de 15 jours...)

En effet, le Sictom a fait "évoluer" le fonctionnement du ramassage des ordures ménagères résiduelles et du tri sélectif, en remplaçant les bacs de collecte verts (ordures ménagères) et jaunes (tri sélectif) collectifs et individuels par des colonnes "d’apport volontaire" (une colonne est l'équivalent de sept bacs collectifs).

Des colonnes d'apport "volontaire" : novlangue typique ! Nous a-t-on demandé notre avis ? Non ! Le monde à l'envers !

Définition de volontaire : qui résulte d'un acte de volonté personnel.

Le meilleur déchet c'est celui qu'on ne produit pas nous explique le Sictom ! C'est certain ! Le même raisonnement avait été appliqué il y a quelques années avec la réduction drastique du numerus clausus pour la formation des médecins. Diminuer l'offre pour diminuer la demande : moins de médecins donc forcément moins de malades d'où un moindre coût !  Avec les résultats bien connus qui ont suivi !... 

Nous apprenons donc dans la propagande (papier recyclable !) du SICTOM que la collectivité continue à améliorer davantage son fonctionnement pour les habitants du territoire... Une amélioration qui équivaut plutôt à une dégradation du service rendu. Comme d'habitude chez ces gens là, on ne veut surtout pas penser aux personnes âgées, aux personnes à mobilité réduite, à ceux qui viennent de se faire poser une prothèse, à ceux qui n'ont pas de voiture...

Définition d'amélioration : action de rendre meilleur, de changer en mieux

Résultat constaté par moi-même : les colonnes d'apport volontaire sont souvent inaccessibles : il faut utiliser une voiture car les colonnes sont situées trop loin des habitations, les emplacements ne sont parfois pas déneigés. Des sacs poubelles remplis sont souvent déposés à côté sur le sol car les colonnes sont pleines. Et Le Sictom nous affirme que désormais nos anciens bacs de collecte ne déborderont plus...  Et pourtant, tout se passait bien auparavant. Nos anciens bacs ne débordaient pas. 

Cerise sur le gâteau, le Sictom nous affirme moins polluer qu'auparavant (bravo !) avec ses camions qui ne passent plus. Visiblement ils ne prennent pas en compte les désormais déplacements individuels "volontaires" avec nos voitures...

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Vers 2050, plus tôt probablement, toute connaissance de l'ancienne langue aura disparu. Toute la littérature du passé aura été détruite. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron n’existeront plus qu’en versions novlangue. Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu’ils étaient jusque-là. (extrait de 1984 Georges Orwell)

JOYEUX NOËL !

https://www.village-justice.com/articles/legalite-mode-collecte-des-dechets-menagers-quand-juge-administratif-sanctionne,48235.html

vendredi 13 décembre 2024

Les lapins sucrés


 Le Papet alluma sa pipe, et demanda : "Il y a du nouveau ?

- Oui, et il y a du bon et du mauvais. Premièrement, les vastes projets, c'est un grand élevage de lapins, en plein air, dans un grillage.

- Très bien. Il a un livre ?

- Oui, il me l'a fait voir. C'est tout plein de chiffres. Ça prouve que, si tu commences avec deux lapins, au bout de six mois, tu en as plus de mille. Et si tu laisses continuer, c'est la perdition : c'est comme ça qu'ils ont mangé l'Australie.

- Je connais ça, dit le Papet. (...) Avec un porte-plume, c'est facile de faire des multiplications et des lapins.

(...)

- Lui, il dit qu'il veut se limiter : pas plus de 150 par mois."

Le Papet ricana :

"Bravo ! Bravo !

- Et il va les nourrir avec des coucourdes chinoises qui ont la peau en bois. Il dit que ça pousse aussi vite qu'un serpent qui sort du trou, et chaque plante peut faire au moins cent kilos de coucourdes, mais lui, il se contentera de cinquante.

- Galinette, tu es sûr que tu n'exagères pas un peu ?

- Oh ! pas du tout. Je te répète ce qu'il m'a dit.

- Il s'est peut-être foutu de toi ?

- Par moments, je me le suis demandé. Et puis non, c'est du sérieux :

il y croit. Ce matin, il a encore fait monter un gros voyage de grillage, de piquets, de ciment.


Extrait de Jean de Florette - Marcel Pagnol

mercredi 11 décembre 2024

Les lapins de Whatership down ?




Le lapin

Guillaume Apollinaire

Je connais un autre connin
Que tout vivant je voudrais prendre.
Sa garenne est parmi le thym
Des vallons du pays de Tendre.

Guillaume Apollinaire, Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée, 1911

dimanche 8 décembre 2024

Manitou, un lapin déterminé !


 Les espoirs de Manitou furent comblés presque immédiatement. Le chat qu'ils rencontrèrent à l'autre bout de la grange n'était pas celui de Noisette : il était roux, blanc et noir. C'était donc une chatte, une de ses chattes minces et lestes, à la queue frémissante, toujours pressées, qui s'abritent sur les rebords de fenêtres les jours de pluie et font le guet en haut d'un sac par les après-midi de soleil. Elle tourna  brusquement le coin de la grange, vit les lapins et se figea sur place. 

Sans l'ombre d'une hésitation, Manitou s'élança droit sur elle comme si elle eût été la branche de hêtre, là-haut sur les crêts. Plus rapide encore, Pissenlit sauta, griffa et esquiva d'un bon la riposte. Au moment où la chatte faisait demi-tour, Manitou se jeta sur elle de tout son poids de l'autre côté. Ce fut le corps à corps. La chatte mordit, griffa, et Manitou alla rouler sur le sol. On l'entendit jurer lui-même comme un chat en cherchant une prise. Soudain , il enfonça sa patte de derrière dans le flanc de son adversaire et lança rapidement plusieurs ruades.
Qui connaît bien les chats aura remarqué qu'ils n'aiment pas affronter un assaillant résolu. Le chien qui cherche à lier amitié avec l'un d'eux risque fort de recevoir un coup de griffe. Mais s'il se rue à l'attaque, il le verra souvent prendre le large. Cette chatte avait été surprise par la vitesse et la violence de la charge ; elle n'était pas une mauviette et chassait bien le rat ;  mais elle avait eu la malchance de tomber sur un battant, qui ne demandait qu'à en découdre. Profitant de ce qu'elle cherchait à se mettre hors de portée de Manitou, Plantain lui assena un grand coup sur la figure. Ce fut la fin du combat, car la chatte blessée s'enfuit, traversa la cour et disparut sous la barrière de l'étable.
Manitou saignait : un coup de griffe avait laissé trois profonds sillons parallèles à l'intérieur de son jarret. Les autres l'entourèrent, chantant ses louanges, mais il leur coupa la parole et regarda autour de lui afin de s'orienter dans l'obscurité.
 - En avant  ! dit-il. Et vite, pendant que le chien dort encore.

Extrait de "Les garennes de Watership down" - Richard Adams


Visite nocturne...