samedi 28 mars 2020

Année 1917


La fin de l'année 1916 s'est passée pour Maurice à Nijon où son séjour va se prolonger jusqu'au 22 janvier de l'année suivante. Il fait allusion au fait qu'ils logent "dans ce qui était un bois épais, mais aucun arbre depuis l'offensive de Verdun n'est encore debout dans ce désert de trous d'obus", aussi se chauffent-ils avec ce qu'ils ramassent, car le froid est très vif, il neige et ils s'attendent à un départ proche. Il souhaite pourtant que des colis lui soient envoyés, car on ne trouve ni beurre ni fromage.
Maurice est toujours accueilli dans la même famille, où avec deux camarades, ils passent les veillées, Madame Lomont travaillant aux gants qu'elle confectionne ou raccommodant leur linge.

La permission est retardée de six places, aussi, une fois encore lui et son frère ne vont-ils pas se trouver ensemble au B... où Marius doit arriver prochainement.
Le départ prévu le 12 janvier n'a pas lieu, mais seulement un déplacement de 6 km de là, pour quelques manœuvres. Un nouveau contre-ordre, suspend ce déplacement ; en raison de la trop grande affluence de troupes, il n'y avait pas de place pour eux. C'est donc avec joie qu'ils accueillent la nouvelle de leur maintien à Nijon où ils mènent "une vie de civils, loin des boches, de l'eau et de la boue, cauchemars des poilus". Maurice fait travailler la petite fille de la famille Lomont, très sage.

Le départ s'effectue enfin le 22 janvier avec regrets, pour retourner dans l'Oise. "Le froid est vif et dans le train nous sommes heureux de manger la bonne musette de provisions que Mme Lomont nous a donnée : poulet, fromage, gaufres, tout est délicieux. Passage à langres, Chaumont, Troyes et le matin nous trouve à Paris que nous voyons sortir de la brume matinale. Passage à Saint-Denis, furieux qu'il n'y ait pas le temps pour aller voir Sr Jeanne. J'adresse une prière au Sacré-cœur que je vois émerger de la brume, pour tous les êtres chers que j'aime tant et deux heures après, nous débarquons à Verberie (Oise), pour aller cantonner à Glaignes (Oise) "Froid terrible. Nous couchons sous les tuiles, sur de la paille qui n'a de cela que le nom, tant elle est hachée, et malgré cela je dors passablement" "Réveil avec -12°C. Tout est gelé, le pain, le vin et pour comble de malheur, nous ne savons pas où aller pour nous chauffer. Une seule ressource : marcher et par un joli temps. Davin, Dunant, Cottin, Chevallier et moi, arpentons les environs dans tous les sens, comme des chiens errants que nous sommes, sans refuge et sans feu. A 6 heures, nous retournons sur la paille et jusqu'au matin 9 heures, bien serrés les uns contre les autres, nous jouissons de notre propre chaleur." Leurs explorations n'ont pas été vaines et le 26, dans une lettre à sa mère, Maurice peut annoncer qu'ils "ont trouvé une bonne maison où nous venons nous chauffer. Deux braves vieux qui comprennent bien les misères du soldat".
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Merci à M qui a écrit ce récit grâce à une abondante correspondance découverte fortuitement dans un tiroir de commode jamais ouverte depuis le départ de Maurice de la maison familiale.

2 commentaires:

  1. C'est d'après des archives de ta famille?

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  2. Tout à fait. Archives qui se présentent sous la forme d'un livre format A4, écriture petite, avec quelques photos et documents d'époque ; 157 pages. Ca ressemble un peu à une thèse.

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