jeudi 14 février 2019

La noche, un oso tuerto que le mira

Photola noche
Pour ma part, ces crises angoissantes (*crises d'angoisse) ont élargi ma connaissance du monde. Je me félicite aujourd'hui de les avoir eues : j'ai su comme ça ce qu'était la douleur psychique, qui est dévastatrice dans ce qu'elle a d'ineffable. Car la caractéristique essentielle de ce que nous appelons la folie, c'est la solitude, mais une solitude monumentale. Une solitude tellement grande qu'elle ne rentre pas dans le mot solitude et que vous ne pouvez même pas arriver à l'imaginer si vous n'y avez jamais mis les pieds. C'est sentir que vous vous êtes déconnecté du monde, qu'on ne va pas pouvoir vous comprendre, que vous n'avez pas de Mots pour vous exprimer. C'est comme parler une langue que personne d'autre ne connaît. C'est être un astronaute flottant à la dérive dans l'immensité noire et vide de l'espace intersidéral. Je parle d'une solitude de cette grandeur là. Et il se trouve que dans la douleur véritable, dans cette douleur-avalanche, quelque chose de semblable se produit. La sensation de déconnexion n'est pas aussi extrême, mais vous ne pouvez pas non plus partager ni expliquer votre souffrance. La sagesse populaire le dit bien : Untel est devenu fou de douleur. La peine aiguë est une aliénation. Vous vous taisez et vous vous renfermez.
C'est ce qu'a fait Marie Curie ..............

Rosa Montero - L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

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